L’état du monde et de la société dans lesquels nous vivons toutes et tous est pour le moins inquiétant. Les vingt-six personnes les plus riches du monde détiennent autant d’argent que la moitié la plus défavorisée de l’humanité. Le réchauffement climatique pourrait atteindre jusqu’à sept degrés Celsius en 2100. Les violences domestiques sont la principale cause de mortalité en Europe pour les femmes entre seize et quarante-quatre ans. Le nombre de personnes fuyant la guerre, la persécution et les conflits a dépassé pour la première fois la barre des septante millions dans le monde. Non, vraiment l’état de notre monde et de notre société n’est de loin pas réjouissant ; c’est pourtant dans ce dernier que nous sommes toutes et tous né·e·s.
Personnellement, je vis dans notre pays, la Suisse, qui est l’un des plus riches et des plus favorisés du monde, mais je suis né dans une famille ouvrière avec un lourd et douloureux passé migratoire. Mon père et ma mère travaillant respectivement dans une usine et une station-essence et mes grands-parents paternels ayant fui la misère, la répression et la guerre. En effets, ils ont vécu dans la plus longue dictature qu’ait connue l’Europe du XXe siècle (l’Estado novo, qui est mis en place au Portugal par António Salazar en 1933 et renversé en 1974 par la Révolution des Œillets). Bien que mon père possède toute de même une certaine fierté ouvrière et qu’il m’ait très souvent parlé « de ceux à Londres qui peuvent fermer l’usine d’un jour à l’autre », je ne peux pas vraiment dire que je viens d’une famille engagée ou même politisée.
Pourtant, et je ne sais pas encore vraiment pourquoi, j’ai commencé très jeune à m’intéresser à de très nombreuses thématiques : le sport, l’histoire, la géographie et … la politique. Cet intérêt a logiquement débouché sur l’envie de rejoindre un parti et de m’y engager en son sein. Ainsi, à dix-sept ans, au beau milieu de mon apprentissage, j’ai décidé, seul, sur un coup de tête et sans en informer au préalable ma famille, de rejoindre le Parti Socialiste (PS). Mon choix s’est porté sur ce parti politique, car c’est un parti bien implanté dans mon canton (le Jura) et qu’il défend les plus pauvres, les travailleurs/euses et les immigré·e·s. Mes débuts au sein du PS ont été pour le moins laborieux. J’ai mis plusieurs années à m’y impliquer et à m’y intégrer ; simplement, parce que je ne maîtrisais pas les codes politiques, que l’offre en transports publics était dans ma région insuffisante et trop onéreuse pour participer à la vie du parti et que la ligne politique de ce dernier ne me semblait pas assez ancrée à gauche. Puis, j’ai découvert la Jeunesse Socialiste (JS), le mouvement et parti de jeunes associé au Parti Socialiste. Cela a été une véritable révélation pour moi. J’y ai rencontré d’autres jeunes partageant mes idéaux et surtout une conception de la lutte politique beaucoup plus proches de la mienne. Au sein de la JS, j’ai eu l’opportunité de me développer intellectuellement, de découvrir le féminisme, l’écosocialisme et l’anticapitalisme. J’y ai également appris à apprécier l’héritage de la gauche et à être fier d’être fils d’ouvrier. De plus, j’ai également vécu de nombreuses et incroyables expériences militantes : j’ai manifesté à Davos contre le Forum économique mondial (WEF) ; en collaboration avec les syndicats, j’ai aidé les maçons à faire grève ; j’ai soutenu la grève féministe et des femmes ; j’ai aussi été candidat au Conseil national lors des dernières élections fédérales .
Bref, je suis devenu un militant politique engagé sur le plus de fronts possibles. Désormais, je tente de changer ce qui me dérange, tout en cherchant toujours comment le faire.